Coucou,
J'ai l'impression d'avoir couru les expositions ces deux derniers mois, mais je m'en réjouis. Finalement, les mois, les années passent et les souvenirs d'expositions restent...
Je ne peux donc que vous recommander en plus de l'incontournable exposition Magritte de voir l'exposition Fantin Latour au Musée du Luxembourg. Ce peintre discret, qui immortalisa Rimbaud ou Verlaine dans Coin de Table en 1872 ou Manet et Bazille dans Un Atelier aux Batignolles en 1870, finit par s'imposer comme un peintre majeur de la deuxième moitié du XIXème siècle. Il multiplia dans les années 1960-70 les oeuvres et les portraits de groupe à valeur de manifeste. Il exécuta de nombreux autoportraits, portraits de membres de sa famille ou amis (dont les illustres peintres impressionnistes Manet et Bazille), mais aussi portraits de commande... Ses portraits peuvent être rapprochés de ses natures mortes ou portrait de fleurs qu'il érigea en art majeur dans les années 1960. Il déclarait lui-même qu'"on peint les gens comme des pots de fleurs." Il "se fit plaisir" à la fin de sa carrière, privilégiant les peintures dites "d'imagination"et puisa à la musique, la mythologie ou la beauté du corps féminin. Sa peinture oscille entre réalisme et onirisme, et se rapproche même du symbolisme à la fin de sa carrière.
A voir!
Exposition Fantin Latour, A fleur de peau.
Musée du Luxembourg
Jusqu'au 12 février 2017
Amandla, Hank Willis Thomas (2013)
Jean-Michel Basquiat
"The Octoroon" d'Archibald J. Motley (1925)
The Octoroon ("octavon") désignait un individu dont un parent, au huitième degré était noir et vous définissait comme noir, dans l'Amérique ségrégationniste.
"This is her first lynching"
Blackfaces et minstrel shows
L'autre exposition qui m'a le plus impressionnée ces deux derniers moi est l'exposition The Color Line, les artistes africains-américains et la ségrégation au Musée du Quai Branly. Le nom de l'exposition "The Color Line" est emprunté à un article rédigé par Frederick Douglass, un ancien esclave et un leader noir pour la North American Review en 1881. Dans cet article, Douglass posait la ségrégation comme une pratique institutionnelle nouvelle, née en 1877 après la fin de la guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage. En 1900, lors de "l'exposition des Nègres d'Amérique" à Paris, le grand écrivain et historien noir Du Bois martela que "le problème du XXème siècle est le problème de la ligne de couleur". La ségrégation sévit aux Etats-Unis jusque dans les années 1960. "La color line" évoque une frontière ou barrière spatiale mais aussi mentale et symbolique qui s'est enracinée et qui a laissé des traces, même après que le Civil Rights Act, la loi qui mit fin à la ségrégation, soit signé par le président Johnson en 1964.
L'exposition suit un parcours chronologique et nous invite à voir la lutte des africains-américains à travers un siècle et demi d'histoire à travers l'art. Leur immense talent se manifeste en littérature, au cinéma, dans les arts plastiques, les sports ou la chanson... C'est un bel hommage qui leur est rendu à travers cette exposition. Les oeuvre exposées ou abordées sont contestataires. Souvenez-vous de Strange Fruit, une chanson plaidoyer contre les lynchages et le racisme merveilleusement interprétée par Billie Holiday en 1939 au Café Society à New York. On pense à John Coltrane, Duke Ellington, Bo Diddley ou Sam Cooke. En littérature, on pourra grâce aux casques disponibles, réécouter les merveilleux poèmes de Langston Hughes ou des extraits de romans de Richard Wright. Certaines peintures ou oeuvres d'art, tel The Octoroon d'Archibald J. Motley, sont particulièrement saisissantes. L'Octoroon (ou "Octavon") désigne l'individu, dont un parent au huitième degré est noir. Une seule goutte de sang noir vous définissait comme noir dans l'Amérique ségrégationniste. Le contraste entre le titre et l'oeuvre et la couleur de peau de la femme est donc frappant. A travers l'exposition défilent des hommes ou femmes engagés dans la lutte contre les discriminations et la ségrégation, des leaders du mouvement des droits civiques: de Martin Luther King, Rosa Parks, à Angela Davis, en passant par Mohammed Ali, les Black Panthers ou Barack Obama ou plus récemment encore le mouvement #blacklivesmatter... On rencontre des personnages moins connus dans l'histoire de cette lutte, tels Archibald J. Motley, Elizabeth Catlett ou Charles Halston... On admire le courage, la ténacité, l'audace et le talent de ces hommes! L'ouverture en septembre d'un musée national africain-américain à Washington témoigne de la victoire de ces hommes et de leur don à parler d'eux et à faire parler d'eux. Lors de l'inauguration officielle, Obama a d'ailleurs pu dire, "nous ne sommes pas un fardeau pour l'Amérique, nous sommes l'Amérique". Il a même repris les mots du merveilleux poète noir Langston Hughes: "Moi aussi, je suis l'Amérique."
A ne pas manquer!
Exposition The Color Line, les artistes africains-américains et la ségrégation
Musée du Quai Branly
Jusqu'au 15 janvier 2017
3 commentaires:
mes neveux doivent venir passer le week-end à paris, une bonne occasion d'aller au musée du quai branly !
xoxo
Que de bonnes idées culturelles - merci !
Super post! :)Et jolies photos! Ca donne envie d'y aller!
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